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dominiquevernay

Sombras chinescas-Ombres chinoises

Sombras chinescas-Ombres chinoises

Mis viernes santos
Mi padre era viajante, pero volvía los viernes por la tarde para pasar el fin de semana con nosotros. Esos días mi madre se levantaba más pronto que nunca para dar un repaso a toda la casa, y especialmente a su dormitorio. Quitaba las sábanas que lavaba y dejaba secar al sol, en el tendedero que daba a la calle, como banderas de bienvenida. Luego, al anochecer, cuando ya estábamos los tres reunidos en casa, las recogía y, antes de que las planchase “para quitarles ese poquito de humedad que podrían tener aún”, yo pedía a mi padre que extendiera la más grande en la pared para jugar a sombras chinescas. Las manos de mi padre eran grandes y fuertes, y para mí podían volverse gaviotas, perros rabiosos u… otras cosas que yo no conseguía ver, pero que hacían que mi madre y él se mirasen como cómplices no arrepentidos de no sabía qué falta.

 

Mes vendredis saints
Mon père était représentant de commerce, et tous les vendredis soir il rentrait à la maison pour passer le week-end avec nous. Ces jours-là, ma mère se levait plus tôt que jamais pour un nettoyage de printemps de toute la maison —et de leur chambre en particulier—, et ce, bien que nous ayons été en plein hiver. Elle retirait les draps de leur grand lit pour les laver et les mettre sécher sur les cordes de l’étendage qui donnait sur la rue, comme des drapeaux de bienvenue. Plus tard, à la nuit tombante, quand nous étions tous trois réunis, elle les ramassait et avant qu’elle ne les repasse pour leur enlever «ce petit peu d’humidité que, peut-être, ils conservent encore», je demandais à mon père de déployer le drap de dessus contre le mur pour jouer aux ombres chinoises. Les mains de mon père étaient grandes et fortes, et pour moi elles devenaient mouettes, chien méchant ou... autres choses que je n’arrivais pas à entrevoir, mais que lui et ma mère regardaient comme l’auraient fait deux complices non repentants de je ne savais quelle faute.

2 comentarios

Dominique -

Ton histoire à toi est un beau microrécit... ces draps que la petite Carole voyaient, comme des drapeaux de vie...

Carole -

ca me fait penserà une anecdote: à une maison sur la route de Saugues; où les draps étaient tous les jous à la fenêtre en toute saison et jusqu'au soir ... ça me fascinait quand j'étais petite ..un jour plus de drap à la fenêtre...la dame était morte ....plus d'ombres chinoises peut être...