Penacho de diente de león (Aigrettes de pissenlit)
PENACHO DE DIENTE DE LEÓN
—Mamá, ¿a que una chica que enseña las tetas es una puta? —pregunta la pequeña, mientras su madre le enjabona la espalda.
Es viernes; en vez de ducha rápida, deja que su hija juegue un rato en la bañera.
—¡Por supuesto que no!... ¿De dónde sacas tal estupidez?
—Me lo dijo Sofía.
—¿Sofía, la de tu clase?
—Sí, lo dice su padre.
—Eso dice el padre de Sofía? —repite la madre sin poder mantener un tono neutro de conversación intranscendente.
—A ella no, se lo dice a su hermana mayor cuando sale por la noche. Yo cuando salga...
—Cuando tú salgas —interrumpe la mujer—, supongo que querrás ponerte guapa, como la hermana de Sofía... Seguro que su papá no quiso decir que...
—¡Sí, sí!... dijo que las chicas que enseñan las tetas son todas unas putas —insiste la niña, a la vez que sopla sobre la espuma de la esponja que se dispersa en el aire del baño; le recuerda el otoño, el campo y el penacho plumoso del diente de león.
—¡Pues muy mal dicho! —contesta la madre mientras agita una toalla como si fuese la bandera a cuadros en una carrera—. ¿Recuerdas el vestido rojo que me puse este verano para la boda de tu tío...?
—¿El que no le gusta a papá?
—¡Sí que le gusta! ¿Quién te dijo que no le gustaba?... ¡Y sal del agua ya!
La niña se hace la remolona y hunde a una de sus muñecas en la espuma —la Barbie playa— para ver flotar la hermosa melena rubia.
La mujer insiste:
—¡Sal inmediatamente, basta de juegos!... y el hecho de que tu padre prefiera que lleve un chal sobre el vestido rojo no quiere decir que no le guste. Y cuando nos vamos a Ibiza, di, sabes muy bien que mamá hace topless, que no se pone lo de arriba y que no pasa nada...
La madre sigue hablando, hablando... tejiendo, con palabras del derecho y palabras del revés, una cota de malla bien prieta para su pequeña
AIGRETTES DE PISSENLIT
—Maman, une fille qui fait voir ses nichons c’est bien une pute? —demande la petite, alors que sa mère lui savonne le dos.
C’est vendredi; au lieu d’une douche rapide, elle laisse la fillette jouer un moment dans la baignoire.
—Bien-sûr que non!... D’où sors-tu une telle bêtise?
—C’est Sophie qui me l’a dit.
—Sophie?... La Sophie de ta classe?
—Oui, c’est son père qui le dit.
—Son père lui dit ça? —répète la mère sans pouvoir maintenir un ton neutre de conversation anodine.
—Non, pas à elle, mais à sa grande soeur quand elle sort le soir. Moi, quand je sortirai...
—Quand tu sortiras —interrompt la mère—, je suppose que tu voudras te faire belle, comme la soeur de Sophie, et je suis sûre que le papa de Sophie n’a pas voulu dire que...
—Si, si!... il a dit que les filles qui montrent leurs nichons sont toutes des putes —insiste la gamine tout en jouant à souffler sur la mousse de l’éponge qui se disperse dans l’air de la salle de bain; ça lui rappelle l’automne, la campagne et les aigrettes de pissenlit.
—Et bien c’est moche ce qu’il dit! —répond la mère, puis elle agite une serviette de bain comme si c’était un drapeau à damier de fin de course—. Tu te souviens de la robe rouge que j’ai mis pour le mariage de ton oncle...?
—Celui que papa n’aime pas?
—Mais bien-sûr qu’il l’aime!... Qui t’a dit qu’il ne l’aimait pas?... Et puis allez, arrête de dire des bêtises et sors de l’eau!
La petite fait la sourde oreille et plonge une de ses poupées —la Barbie-plage— dans la mousse, pour voir flotter la belle chevelure blonde.
La femme insiste:
—Sors immédiatement, assez joué comme ça!... et le fait que ton père préfère que je porte un châle sur la robe rouge, ça ne veut pas dire qu’il ne l’aime pas. Et quand nous partons à Ibiza hein, tu sais très bien que maman fait du topless, qu’elle enlève le haut de son bikini sans auncun problème...
Et la mère continue à parler, à parler... et à tricoter, avec des mots à l’endroit et des mots à l’envers, une cotte de maille bien serrée pour son enfant.
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