La caja
Texto ganador del tercer concurso de microrrelatos 2016 organizado por Amnistía Internacional Madrid. El tema: el derecho de todo hombre a una vivienda digna.
La caja
Veinte metros cuadrados para cinco no daban para ese espacio al que cada uno de nosotros creía tener derecho, y fue en un mega bazar chino en el que mi madre encontró la solución: «caja-espacio propio por dos euros».
Desarmada para facilitar el transporte de la tienda a casa, montamos la caja entre todos y decidimos colocarla en medio de lo que nos empeñábamos en llamar «salón». Por las mañanas de ocho a diez permanecía vacía y abierta para su aireación, pero luego podíamos meternos en ella, por turnos, para disfrutar de una o dos horas de privacidad. A mí me gustaba pedirme la caja de diez a doce, antes de que pasara mi hermano mayor que siempre la dejaba con algún que otro kleenex sucio, de mi madre que la llenaba de sueños imposibles, de mi tía que impregnaba sus paredes de olor a colonia Nenuco —la preferida del hijo que nunca había tenido—, y de mi abuela que la moteaba de miguitas de pan, «para los pájaros», decía. Yo me limitaba a llenarla de palabras que recogía después en un cuaderno por si un día...
El único que no la quiso usar, al principio, fue mi padre, y cuando lo hizo decidí marcharme de casa.
—Le abrí un ventanuco —nos dijo desde su oquedad—, para poder ver la tele.
TRADUCTION EN FRANÇAIS
Le carton
Vingt mètres carrés pour cinq personnes ne suffisent même pas à imaginer ce petit espace bien à soi auquel chacun pense avoir droit, et ça a été dans un méga bazar chinois que ma mère a trouvé la solution: «caisse-espace privé pour deux euros».
Démonté, pour faciliter son transport du magasin à la «maison», le carton a de suite été remonté au beau milieu de ce que nous insistions à appeler «salon». Le matin il restait vide et ouvert pour en faciliter l'aération, mais ensuite nous pouvions nous y enfermer à tour de rôle et profiter ainsi d'un moment d'intimité. Moi j’aimais bien y entrer le premier, de dix heures à midi, avant le passage de mon frère qui y laissait toujours traîner quelques kleenex sales, de ma mère qui le remplissait de rêves impossibles, de ma tante qui l'imprégnait d'une odeur à eau de cologne d'enfant —celle de ce fils qu'elle n'avait jamais eu—, de ma grand-mère qui le mouchetait de miettes de pain «pour les oiseaux» qu'elle disait. Moi je me limitais à le remplir de mots que je ramassais et enfermais ensuite dans un cahier pour si jamais un jour...
Le seul qui n'a pas voulu l'utiliser, au début, ça a été mon père, et quand il l'a fait j'ai décidé de partir.
—J'y ai ouvert comme un petit vasistas —nous a-t-il dit depuis son gouffre— pour pouvoir regarder la télé.
(Texte gagant du troisième concours de nouvelles courtes 2016 organisé par Amnistie Internationale Madrid et ayant pour thème: le droit de tout homme à un logement décent.)
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